Les propositions présentées dans ce texte remettent assez profondément en cause certains aspects de Paris-Saclay considérés par beaucoup comme des acquis indiscutables. Sauf que l’enquête publique sur le CDT Paris-Saclay Territoire Sud, qui aurait dû être le préalable à toutes les autres, puisque ce document présente le projet dans sa globalité pour la première fois, arrive après moultes autres enquêtes concernant des parties de CDT.
Nous avons donc considérés que nous pouvions encore faire des propositions sur les fondamen-taux, puisque ceux-ci n’ont jamais été mis en discussion au sein de la société civile. Mme la Présidente de la commission d’enquête nous a d’ailleurs encouragé(e)s à le faire : c’est donc que nous aurons une réponse « sur le fond » et non, comme trop souvent dans les autres enquêtes, un simple « il est trop tard, cela a déjà été décidé ». Voilà ces propositions :
Nous demandons que :
1) les grandes écoles situées à moins de 27 kilomètres de la frange sud du Plateau et dont les travaux n’ont pas commencé s’alignent sur ce qui se passe pour la fac d’Evry qui elle, va rejoindre la FCS sans pour autant déménager.
2) les bâtiments de la fac d’Orsay devant déménager restent localisés sur le campus vallée et soient réhabilités.
3) la zone de Courtaboeuf soit consolidée dans sa place de « zone économique phare du CDT » et que les m² de développement économique prévus sur le campus urbain soient relocalisés sur Courtaboeuf.
Explications et détails de ces contre-propositions :
Page 12 du CDT : « pour être viable et pérenne, l’organisation de la proximité sur la frange sud de Paris-Saclay doit se doubler d’un développement des complémentarités et des coopérations avec les territoires voisins, et ce à toutes les échelles (depuis les autres communes de la CAPS jusqu’à l’ensemble de la région Île-de-France en passant par le Sud de l’Essonne, l’Est des Yvelines et bien sûr la capitale). Le Sud du plateau de Saclay n’est pas une île autarcique et extraterritoriale ; au contraire, il a vocation à devenir une locomotive d’un territoire bien plus vaste en impulsant une dynamique d’innovation qui le dépasse. »
Nous sommes complètement favorables à cette vision de locomotive et demandons que ces paroles soient suivies d’actes :
1) Au niveau des grandes écoles et instituts de recherche :
Il nous est présenté comme indispensable de regrouper sur les 7 km de campus urbain de la frange sud du Plateau des grandes écoles scientifiques, des instituts de recherche publics et privés, déjà existants, parfaitement intégrés dans leur tissu local et situés à seulement quelques kilomètres de Paris Saclay Territoire sud:
· ENS Cachan (de Cachan à Moulon = 23km)
· Centrale Paris (de Chatenay Malabry à Moulon = 19 km)
· AgroParisTech (de Grignon à Palaiseau Polytechnique = 32 km)
· Le centre R&D d’EDF (de Clamart à Palaiseau Polytechnique = 18 km)
L’argument avancé pour ces déménagements est de créer une synergie entre les établissements… Or il est écrit page 22 du dossier d’enquête publique ZAC Moulon : « le développement du campus urbain est aussi étudié à l’échelle plus vaste de l’Arc de l’Innovation Saclay/Orly/Evry, en synergie avec les deux autres pôles moteurs sud francilien: Orly, amplifiant la dynamique d’innovation et offrant un potentiel foncier de 5 millions de m², Evry, pôle d’excellence complémentaire autour des biotechnologies, qui va prochainement connaître un fort développement autour de Genopole. »
Orly-le Plateau = entre 19 et 24 km
Evry-le Plateau = entre 23 et 27 km
Nous ne comprenons donc pas pourquoi il faut « déménager les uns » quand on va « pouvoir travailler avec les autres à distance et en synergie ».
Il est écrit page 12 du CDT que: « le premier (NB : type de complémentarité ») concerne les complémentarités entre l’université Paris-Saclay et les pôles d’enseignement supérieur et de recherche de la métropole parisienne, à commencer par le pôle d’Evry, en particulier son biocluster du Genopole avec lequel les partenariats sont à renforcer. Ces coopérations pourront prendre la forme de projets de recherche communs en s’appuyant sur les domaines d’excellence de ces différents pôles et sur la mise en place de double-cursus pour favoriser le brassage des étudiants. Par son rayonnement international, Paris-Saclay permettra en outre de donner une nouvelle ampleur à la Vallée Scientifique de la Bièvre dont il est voisin, et de renforcer la place du Grand Paris dans le réseau mondial des connaissances et de l’innovation. ».
Nous demandons que soient appliquées ces complémentarités de territoire.
Nous demandons donc que les grandes écoles situées à moins de 27 kilomètres de la frange sud du Plateau et dont les travaux n’ont pas commencé s’alignent sur ce qui se passe pour la fac d’Evry qui elle, va rejoindre la FCS sans pour autant déménager.
Cette solution alternative permettrait :
· d’insuffler dans l’enseignement supérieur et la recherche publique, qui en manquent cruellement (voir le mouvement Sciences en marche), tout l’argent consacré à seulement déplacer des établissements (en additionnant les coûts de construction des nouveaux bâtiments de seulement trois établissements, on atteint le demi-milliard ! Centrale 255 M€, ENS Cachan 171 M€, Mines Télécom 140 M€)
· de préserver des terres agricoles supplémentaires : la surface prévue pour le déplacement de ces écoles/instituts de recherche.
· de consacrer le temps et l’énergie dépensés à ces déménagements à créer ces liens de complémentarité.
2) Au niveau des bâtiments de l’université d’Orsay :
Dans le même esprit que dans le 1), mais encore amplifié puisqu’il s’agit là de déménager 30% des bâtiments de la fac de un ou deux kilomètres (et de quelques centaines de mètres à vol d’oiseau), de dépenser de l’argent public, du temps, de l’énergie et des terres agricoles pour un gain minime en terme de proximité des établissements scientifiques.D’autant que le Proto 204, "première incarnation de l'esprit Paris Saclay, où les rencontres nourrissent la recherche et l'innovation", se situe dans la vallée et permettra aux "scientifiques, étudiants, habitants, artistes ou citoyens de s'y enrichir de leurs relations, de leurs échanges, de leurs connaissances et de leurs expériences". D'autant aussi que pèsent des incertitudes sur les possibilités de reconstruire tout ou partie des « 12 ha (NB : dans le campus actuel de la fac d’Orsay) où sont imaginées des mutations importantes, le bâti étant entièrement classé C et D » (comme dit page 161 du CDT, une « étude de la CAPS a permis une classification de A à E de l’état général de chaque bâtiment au regard du coût de travaux pour une remise à niveau minimale, sans changement de destination. ») et même sur les possibilités de démolir ces bâtiments, eu égard à la pollution que cela générerait.
Nous demandons donc que les bâtiments de la fac devant déménager restent localisés sur le campus vallée et soient réhabilités.
Cette solution alternative permettrait :
· de préserver des terres agricoles supplémentaires : la surface prévue pour réimplanter ces bâtiments quelques centaines de mètres plus loin à vol d’oiseau.
· de consacrer le temps et l’énergie dépensés à ces déménagements à créer ces liens de complémentarité.
3) Au niveau du secteur économique:
Comme dit page 12 : « le deuxième type (NB : de complémentarité)concerne les coopérations entre la frange sud du cluster de Paris-Saclay et les autres pôles économiques du territoire. Comme évoqué dans le Schéma de Développement Territorial de Paris-Saclay, il s’agit notamment de mettre en synergie le Sud du plateau centré sur la R&D et l’innovation avec les pôles tertiaires et productifs du territoire (Courtaboeuf, Massy, Vélizy, Buc/Toussus/Les Loges, le plateau de Satory et Saint-Quentin-en-Yvelines) dans une logique de complémentarité fonctionnelle des offres immobilières et des positionnements (géographiques, sociaux, d’image). Cela s’applique aussi à une échelle plus vaste, avec l’intégration de Paris-Saclay au système de pôles complémentaires du Grand Paris. »
Sur le territoire du CDT se trouve la zone de Courtaboeuf, premier parc tertiaire européen: plus de mille entreprises, 380 ha auxquels s’ajoute un projet d’extension de 46 ha (cf fiche 35), 3 500 000 m² de locaux, elle accueille chaque jour 12 000 visiteurs et 24 000 salariés. Mais comme dit dans la fiche 35 qui lui est consacré :
« Depuis une dizaine d’années cependant, plusieurs indicateurs témoignent d’une fragilisation économique du parc d’activités. La dynamique démographique des établissements s’est même inversée au cours de la dernière décennie avec un affaiblissement du nombre d’installation d’entreprises qui est désormais inférieur à celui de radiation du parc. Les études attestent en effet que les prestations offertes sont désormais inadaptées aux besoins des entreprises (assainissement, voirie, offre immobilière, etc.).
Afin de renforcer le positionnement international de la zone d’activités, un projet de requalification (NB :travaux de VRD : investissement en circulations douces, voiries, en assainissement, en immobilier, en aménagements paysagers), inscrit dans le cadre du Contrat de Partenariat Région–Département 2007-2013, a été proposé. Il s’agit par-là d’inscrire Courtaboeuf dans le territoire d’intérêt national et de lui faire bénéficier ainsi de l’effet d’entraînement que devrait offrir le cluster. Outre ce projet de requalification, il est prévu d’améliorer la desserte de la zone avec l’adoption d’un plan de Déplacements Inter-Entreprises (PDIE) et la mise en place de transports en commun en site propre : l’un, entre Les Ulis et Massy, est en cours d’expérimentation, l’autre, entre Les Ulis et Pont de Sèvres, est au stade de l’étude. »
Alors, nous comprenons mal pourquoi ne pas « mettre le paquet » sur cette zone d’activités qui a des atouts ne demandant qu’à être améliorés (c’est ce que prévoit la fiche 35), et pourquoi ne pas profiter de l’existant pour créer un vrai pôle économique, faisant écho au pôle de recherche du Plateau de Saclay, les liaisons plateau-plateau étant déjà prévues par le CDT : fiches 15 et 27.
Sur le campus urbain, sont envisagés 560 000 m² de développement économique, auxquels il faut enlever les 76 000 m² d’EDF déjà faits, soit 484 000 m². Peu ou prou, si au lieu d’essayer d’implanter ces m² de développement économique dans une nouvelle zone, ils l’étaient à Courtaboeuf, cela permettrait d’éviter les actuels locaux vides et d’occuper les 46 hectares supplémentaires programmés.
Nous demandons donc que la zone de Courtaboeuf soit consolidée dans son rôle de « zone économique phare du territoire » et que les m² de développement économique prévus sur le campus urbain soient relocalisés sur Courtaboeuf. Nous demandons que soient faites toutes les améliorations nécessaires pour rendre plus attractive aux yeux des investisseurs cette zone déjà existante (en matière d’accès, de transport en commun, de liaison avec le Plateau de Saclay, en matière de circulations douces, d’aménagements paysagers).
Cette solution alternative permettrait :
· de développer encore l’emploi sur les Ulis (rappelons que la Zone de Courtaboeuf est le premier employeur de la ville)
· de partir de l’existant et de l’améliorer
· de préserver des terres agricoles supplémentaires : la surface qui était prévue pour le développement économique : 480 000 m².
Nous demandons, si à la solution précédente on nous oppose qu’il est bon de mélanger enseignement supérieur et développement économique, et si, bien sûr, notre proposition de ne pas déplacer les grandes écoles dont les travaux n’ont pas commencé, est refusée : de prévoir sur les 46 hectares de la zone de Courtaboeuf, non pas du développement économique, mais la localisation de deux ou trois grandes écoles en attente sur le campus urbain.
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marie-jeanne Chapuisat (samedi, 06 décembre 2014 13:25)
Ce projet a été initié par le gouvernement précédent, le changement de direction politique aurait du s'accompagner une nouvelle réflexion car il était évident qu'il y avait plus que des réticences chez les gens concernés. Est-il encore temps?