A lieu en ce moment sur Paris Saclay (et plus spécifiquement sur la ZAC Moulon) une consultation publique sur une demande de dérogation « espèces protégées »... Cela nous a rappelé un chiffre mis en avant il y a un mois à peine par la WWF, issu de son « Rapport Planète Vivante 2014 » dans lequel elle suit l’évolution de plus de 10 000 populations d’espèces vertébrées entre 1970 et 2010. Ce chiffre dit que...
... plus de la moitié des populations mondiales d’espèces sauvages ont disparu en à peine plus de quatre décennies. La WWF commente « la biodiversité est une composante cruciale des systèmes permettant la vie sur Terre mais elle est aussi le baromètre de ce que nous faisons subir à notre planète, notre unique demeure. Ce qu’il nous faut de toute urgence, c’est une action planétaire dans tous les secteurs de la société pour bâtir un avenir plus durable. ».
Des espèces sont protégées en France, voilà une excellente action. Mais quel sens cela a-t-il si le moindre projet peut permettre d’obtenir une dérogation ? Des tritons crêtés vivaient bien tranquillement dans la mare de la Vauve, dans le quartier de Polytechnique, autre ZAC de Paris Saclay. Des mesures d’évitement étaient possibles, un projet a même été présenté lors de la récente enquête publique RD128, proposant de préserver la mare, en laissant à cet endroit la route actuelle, certes non à angle droit comme prévu par l'aménageur, mais « et alors ? ». Cette solution aurait été bien moins coûteuse pour les finances publiques: dans l'option "aménageur", il faut casser le rond-point fait il n’y a sans doute pas si longtemps à coups de millions, refaire un bout de route, démolir la mare et la végétation autour, sans parler bien évidemment du coût pour déplacer les tritons crêtés, leur refaire d’autres habitats, suivre leur préservation pendant vingt ans aux frais du contribuable. Cette solution alternative d'évitement de la mare de la Vauve aurait surtout permis de préserver, tout en faisant l'essentiel du projet, cette espèce protégée d'amphibiens, dont des naturalistes nous ont assuré qu’ils se réacclimataient très mal en cas de déplacement, voire pas du tout. Malgré des demandes répétées de plusieurs associations, aucune preuve tangible de la survie à leur déménagement de la centaine de tritons qui vivaient tranquillement dans cette zone avant les travaux, ne nous a été donnée.
Et c'est sans parler des espèces qui n'ont pas la chance d'être protégées, que de tels projets rayent de la carte sans aucun scrupule : dans l’arrêté préfectoral 2013/DRIEE/145, le STIF, maître d’ouvrage du TCSP Palaiseau-Christ de Saclay, est autorisé à détruire les hérissons d’Europe. Et cela a très certainement lieu sur des dizaines, voire des centaines de projets d’aménagements en France, chacun trouvant que « détruire les hérissons » sur son petit bout de territoire n’est pas bien grave puisque cette espèce n’est pas protégée et qu'ils sont nombreux. Jusqu'à quand ?
Alors, quand commençons-nous ce qu’évoque le WFF : « Ce qu’il nous faut de toute urgence, c’est une action planétaire dans tous les secteurs de la société pour bâtir un avenir plus durable. » Dès ce projet de Paris Saclay qui s'affiche comme un éco-territoire exemplaire ?
Lire le rapport Planète Vivante 2014 de la WWF: ICI
Participer à la consultation publique "demande de dérogation "espèces protégées" concernant la ZAC Moulon (attention, fin de la consultation le 15 novembre); ICI
Écrire commentaire